Il nait à Brest en 1938
Ressacs sur l'estuaire de la Gironde, quadrillage du vignoble, lumières
autour de la Tour Montparnasse, projecteurs des Bateaux - mouches sur la
Seine, spectacle d'un banal quotidien. Traqué, pris dans les filets de
patients micro gestes, inlassablement repetés, semblables et différents,
au prix de longs mois de travail, de reprises minutieuses, une
autre réalité s'incarne sur la toile. Elle rend visible cet invisible
que le réel nous cache. Il faut faire le vide et laisser venir à
soi ses murmures.
La
peinture en temps de risque.
L'art
de Gardair s'est construit dans un chemin de solitude, en avançant au
rythme lent d'un coureur de fond vers une improbable finalité. Il dit, au
bout de cinquante ans de pratique de la peinture, entrevoir peut-être
maintenant le sens de cette marche obstinée, parsemée de doutes et de
sacrifices. Cependant un fil conducteur existe, depuis la petite fenêtre
du premier atelier ouvrant sur
la Gironde
'' où il n'y avait rien à peindre '' jusqu'à l'apothéose
actuelle des miroitements, " Paysageur " il se définira ainsi,
en découvran que le sujet même de son art, était justement cela "
le rien à peindre " !
Dès
lors, micro gestes répétitifs, jamais tout à fait semblables, micro
touches de couleurs jamais identiques, constituent un maillage où l'eau
et la lumière confondues, engendrent un nouvel élément. La toile est
parcourue d'une vibration en perpétuelle évolution, différente selon
l'angle de vision du spectateur. Ondes et particules sont la chair de ce
miroitement que changent l'heure du jour et les saisons. C'est la
définition même de la lumière par la physique contemporaine, ondes et
photons. Ainsi l'artiste et le scientifique fraternisent-ils dans ce
commun sentiment d'une voie à suivre résolument mais dont le but reste
incertain et peut-être inatteignable. Ils donnent ainsi raison au poète
qui dit en le paraphrasant qu'il n'y a de création " qu'en temps de
risque ".